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- « J’ai passé le test sur XXPersonalities en ligne, mais à chaque fois j’ai un résultat différent ? »
- « On a « fait » le MBTI quand j’étais étudiant, mais depuis mes lettres ont changé. »
- « Moi je suis ESTJ au boulot et ESFP à la maison ! »
- « C’est quand même un peu de l’astrologie corporate ton truc… »
Toutes ces phrases sont bien sûr authentiques. Tous les praticiens ont leur collection !
Les typologies ou modèles de personnalité attirent autant la curiosité que le scepticisme, voire le rejet. L’âge d’or du développement personnel et son business model extrêmement lucratif de « tests » tendent à s’essouffler : résultats erratiques, simplification extrême pour aller plus vite, peu ou pas de suivi…
Les typologies jungiennes (dont le MBTI est l’indicateur le plus connu) n’échappent pas à ces critiques. Et c’est bien dommage, car réduire toute la profondeur et l’intérêt des types psychologiques jungiens à un simple « test », c’est se priver de connaissances précieuses, et passer à côté d’un outil puissant pour mieux se comprendre et mieux interagir avec les autres.
Typologies et tests : une vieille histoire
Notre cerveau fonctionne toute la journée avec des typologies ou classifications : l’information que je sélectionne, qui m’attire, ce que j’aime, ce que je n’aime pas, ce qui me fait peur, ce qui me met en colère. Cette capacité à mémoriser et regrouper sous différentes étiquettes les milliers d’expériences que nous vivons au quotidien nous a permis de survivre en tant qu’espèce. Et les typologies de personnalité sont un sport ancien : Hippocrate s’y amusait déjà, environ 400 ans avant notre ère, en proposant 4 tempéraments.
Les premiers tests de personnalité sont nés au début du siècle dernier, et visaient clairement à trier les sujets « inadaptés »[1] au sein d’un collectif. Pas très étonnant qu’on soit un peu méfiant, encore aujourd’hui. Et en effet, cette appréhension du test qui enferme est un écho à la (fausse) promesse marketing faite aux commanditaires : le résultat du test permettrait de prédire le comportement, et donc de sélectionner les individus souhaitables.
Mais qu’est-ce que Jung avait vraiment en tête ?[2]
Carl-Gustav Jung n’a jamais parlé de test et encore moins de sélection des individus. Son ouvrage Types Psychologiques (1921) décrit des préférences de comportement selon une classification qu’il a raffinée tout au long de de sa vie : des fonctions cognitives pour collecter l’information et évaluer les situations, orientées vers le monde intérieur ou vers le monde extérieur. Surtout, ces fonctions s’activent à différents âges de la vie, et s’expriment avec de nombreuses nuances, en interaction avec le parcours de vie et les expériences de chacun.
Les questionnaires tels que le MBTI sont arrivés plus tard, à partir des années 60. Ces questionnaires font l’objet de validations scientifiques – qui peuvent toujours être discutées – mais ce ne sont pas des tests au sens sélectif du terme. LA règle d’or déontologique pour tous les praticiens en typologies jungiennes consiste à marteler que le type psychologique ne doit jamais être utilisé à des fins de sélection.
Pas de type psychologique validé sans auto-positionnement
Le malentendu profond réside dans le fait que le questionnaire, MBTI ou autre, est assimilé aux tests gratuits en ligne : «j’ai répondu aux questions, donne-moi vite mes 4 lettres et une description sympa de mon profil ![3] »
Or, les résultats du questionnaire ne sont qu’une première approche : le type psychologique ne peut être validé que par la personne elle-même, à l’issue d’un protocole d’auto-positionnement.
Cela signifie que pour valider son véritable type psychologique, il faut bosser un peu : comprendre les concepts à l’œuvre derrière les axes E/I, S/N, T/F, J/P, prendre conscience des stéréotypes, revoir son parcours de vie, s’observer dans différents contextes. Questionnaire ou test, sans auto-positionnement, en effet, ça s’apparente à de l’astrologie.
Pourquoi passer un questionnaire si ce n’est pas « fiable » ?
Imaginez que pendant une semaine une petite caméra vous prenne en photo à différents moments de la journée. A la fin de la semaine, vous regardez toutes ces photos, et même si votre dressing est minimaliste, il est probable que vous portez des tenues différentes selon vos activités (homewear, télétravail, RV ou réunion en présentiel, sport, soirée, etc). « Comment je suis habillé.e pour cette activité » est l’équivalent de « quel comportement j’adopte dans ce contexte ». Et c’est également un mix plus ou moins conscient et négocié entre « ce que je préfère » et « ce qui est attendu socialement ». C’est ce que l’on voit de votre personnalité depuis l’extérieur. Beaucoup de choses correspondent à vos préférences naturelles, mais aussi beaucoup de choses correspondent à des comportements appris, ou adaptés aux attentes de l’environnement – qui change au fil de vos activités.
Cette petite caméra et ses photos, c’est le questionnaire et ses résultats : des tendances, un indicateur. Pas forcément faux, mais pas systématiquement vrai non plus.
L’auto-positionnement, qui vise à identifier nos véritables préférences naturelles, permet de répondre à la question : « en dehors de toute contrainte, comment est-ce que je préfère m’habiller ? Qu’est ce qui est le plus confortable, qui me demande le moins d’effort ? »
Ok mais 4 lettres même après un auto-positionnement, c’est toujours très limité pour décrire ma personnalité…
Bien sûr ! Et heureusement 😄
Mais derrière les 4 lettres, il y a toute la profondeur des typologies jungiennes : 8 fonctions psychologiques, des chemins de développement et d’évolution propres à chaque profil, sans oublier la « customisation » de chaque parcours de vie. Les types psychologiques jungiens sont un modèle très puissant et efficace pour :
- mieux se connaître et comprendre les autres,
- développer les soft skills dont les collectifs et les individus ont tous besoin, et que l’IA ne remplacera pas : leadership, créativité, intelligence émotionnelle, communication authentique, résilience.
Et maintenant ?
Envie de découvrir votre véritable type psychologique grâce à un protocole sérieux d’auto positionnement ? L’Institut des Sciences de la Personnalité a conçu un parcours en ligne asynchrone complet, à suivre à votre rythme et où que vous soyez :
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Marie-Noëlle BOREL
[1] Les premiers tests de personnalité objectifs ont été mis au point en 1917 avec le test de données personnelles de Woodworth, qui avait pour but d’identifier les soldats sujets aux dépressions nerveuses lors des bombardements ennemis de la Première Guerre mondiale. Peu de temps après, de nombreux tests de personnalité concurrents ont été développés pour être utilisés dans l’industrie. Bon nombre de ces tests, comme celui de Woodworth, se concentraient sur le concept d’inadaptation des employés et étaient considérés comme importants pour éliminer les candidats susceptibles de créer des perturbations sur le lieu de travail. Source : A history of the early days of personality testing in American industry: an obsession with adjustment, Robert E. Gibby, Michael J. Zickar, Août 2008.
[2] Vaste question ! Il faut probablement lire ses livres 😇
[3] Et ensuite je demanderai à ChatGPT quelles études je dois faire / comment gérer mon N+1 ou mon conjoint / de rédiger un post LinkedIn sur les talents de mon profil.