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Dans chaque numéro de notre magazine, nous avons une rubrique “Les 9 chevaliers de l’Ennéagramme” où nous explorons comment la thématique choisie pour le numéro (Célébrer, Habiter, S’engager…) se reflète dans des personnes connues. Pour explorer le thème de la transmission, nous avons choisi la famille royale britannique. Ces personnages publics sont représentés dans la série The Crown, de laquelle nous tirons la plupart de nos observations. God Save The Queen !
par Christophe Thibierge.
Le Roi
George VI (Albert Windsor)
Père de la future Elizabeth II, principal protagoniste du film « Le Discours d’un Roi », Albert n’était pas destiné à régner. En effet, il fut poussé sur le devant de la scène par l’abdication de son frère Edouard VIII. Il apparaît comme un personnage calme et doux – dont on voit une seule colère brève – à la fois bon père et bon souverain. En termes de transmission, il reçoit (et assume) une charge qu’il n’a ni choisie ni souhaitée, et il transmet à son tour à sa fille cet exemple de soumission à un devoir suprême. Nous pensons à une Base 9 pour son côté unificateur, facile à vivre et très à l’écoute, et aussi pour son acceptation sans protester – malgré la frustration que l’on ne peut qu’imaginer – de ce que la vie lui apporte.
Le Roi
Edouard VII (Edward « David » Windsor)
Déclaré souverain en 1936 à la mort de son père George V, Edouard VIII fut le monarque dont le règne a été le plus court dans l’histoire du Royaume-Uni. Il abdiqua par amour (ou en raison de ses sympathies pro-nazies) pour une femme divorcée deux fois, ce qui était incompatible avec son statut. Il fut maintenu à distance de la famille royale tout le reste de sa vie.
Exilé permanent, Edouard réclama avec insistance des ressources financières à la famille royale, ainsi que le titre de duchesse pour sa femme. Très mondain, il organisait des soirées pour le gratin parisien, et joua jusqu’à sa mort sur l’ambivalence de son statut de roi abdiqué – en recevant par exemple d’autres souverains. On peut parler ici d’une vision « sélective » de la transmission, consistant à en rejeter les contraintes, mais sans en abandonner les bénéfices.
Sa vie se résume à un choix par amour et à des questions d’identité, c’est pourquoi on peut penser à une base émotionnelle, probablement une Base 3 pour son attachement aux titres, à l’argent et à la reconnaissance sociale, ou éventuellement une Base 4 pour la constante nostalgie dont il a fait preuve sur son statut passé.
La Reine Elizabeth II (Elizabeth Windsor)
C’est le personnage principal de la série. Comme son père George VI, elle n’a pas choisi de régner, mais tout comme lui, elle se plie à la contrainte.
Toute la personne d’Elizabeth II nous fait penser à une Base 1 ! Physiquement, elle se tient toujours extrêmement droite, et dans l’interaction avec son entourage, elle montre clairement ses exigences élevées. Sa famille et ses premiers ministres doivent se plier aux contraintes de leur fonction, tout comme elle-même s’y emploie sans relâche. Elle avoue souvent que c’est un fardeau, mais il ne lui viendrait jamais à l’idée de faire moins que le nécessaire – c’est-à-dire tout – pour la couronne qui lui a été transmise. Soulignons en parallèle qu’Elizabeth II, âgée de 94 ans, est à ce jour le souverain au règne le plus long au monde, et ne manifeste aucune volonté de transmettre cette charge « prématurément » à son successeur (son fils Charles, âgé de 68 ans).
Le Prince Philip, Duc d’Edinbourg (Philippe Mountbatten)
Mari de la reine, capitaine de frégate dans la Royal Navy pendant la guerre, joueur de polo, il démontre une force vitale et instinctive qui fait irrésistiblement penser à une Base 8.
Ne mâchant pas ses mots, souvent brutal dans ses propos sans respecter personne (pas même les membres du clergé), il pousse son fils Charles vers la dureté d’une école militaire qu’il a lui-même appréciée dans sa jeunesse. Il s’oppose à Charles, qu’il trouve mollasson, et adore sa fille Anne – une guerrière selon lui – probablement une Base 8 comme lui. La série montre un personnage frustré dans ses jeunes années de ne pouvoir transmettre son nom à ses enfants, et aussi très attaché à leur transmettre les « valeurs » qui lui ont permis (de son point de vue) de survivre à plusieurs tragédies et traumatismes : force d’âme, défis physiques, dompter la peur par l’action.
La Princesse Margaret (Margaret Windsor)
La vie de la princesse Margaret est ponctuée de déconvenues, de passions déchirées et de scandales. Sœur cadette de la reine, elle se sent comme la brebis noire incomprise de la famille, tout en refusant d’abandonner ses privilèges – au point d’y sacrifier son vrai amour. Cible des journalistes de la presse à scandale, buveuse qui alterne entre fêtes et mélancolie, elle vit des relations compliquées avec les hommes de sa vie. Charmeuse et magnétique, elle montre néanmoins beaucoup de caractéristiques d’une Base 4 qui n’irait pas très bien. Un schéma central de sa vie est en effet de regretter « ce qui aurait pu être, mais qui n’a pas été » : elle aurait voulu être reine à la place de sa sœur, mais les règles de transmission de la Couronne sont restées inflexibles… la privant de ce qu’elle estimait lui revenir, tout en lui offrant une source inépuisable de mélancolie.
Sir Winston Churchill
Deux fois premier ministre du Royaume-Uni. Soldat, journaliste et surtout homme politique, Winston Churchill est autant réputé pour sa combativité politique que pour ses excès (alcool, cigares) et bons mots. En bonne Base 8, il n’est jamais meilleur que dans l’affrontement (face à l’Allemagne d’Hitler, puis dans l’opposition, avant de redevenir premier ministre).
Voyageur infatigable, travailleur incessant, il a des opinions tranchées et le pouvoir est un moyen pour lui d’imprimer sa marque sur le monde. Il est le plus vieux premier ministre de la reine, et celui qui officiera le plus longtemps en tant que député.
Malgré son grand âge, on le voit souvent pratiquer une forme de déni de sa propre faiblesse, caractéristique d’une Base 8. On le voit également transmettre à la toute jeune reine Elizabeth ses conseils et son expérience, là aussi caractéristique de la protection de la Base 8.
Le Prince Charles (Charles Windsor)
Le Prince Charles est un enfant sensible, timide, qui se révèle davantage dans le théâtre que dans les rôles guerriers que son père aimerait lui faire endosser. Charles se sent incompris, alors qu’il voudrait faire entendre sa voix – en pure perte, avec une famille qui lui explique que personne n’a envie de l’entendre.
En matière sentimentale, sa vie apparaît comme un mélange de transgression (sa relation de 30 ans avec une femme mariée, Camilla Parker-Bowles. Se réfugiant dans la conception et la création de jardins pour son domaine de Highgrove, l’œuvre de sa vie, il exhibe beaucoup de traits d’une Base 4, sur un mode toutefois bien plus soumis que celui de sa tante Margaret.
N’ayant à ce jour pas hérité du trône, sa transmission au monde est discrète mais néanmoins bien réelle, par un engagement personnel sur des sujets qui lui tiennent à cœur (écologie, agriculture biologique ou urbanisme durable) et de soumission (il ne choisira pas sa propre épouse, Lady Diana Spencer).
Diana, Princesse de Galles (Diane Spencer)
Epouse de Charles, puis divorcée, Lady Diana Spencer a déjà fait l’objet d’une précédente édition des chevaliers de l’Ennéagramme (Magazine MuaToaNu #01).
Tournée vers les autres, ouverte et gaie, Diana a très vite déchanté au sein d’une famille royale distante, et près d’un époux qui en aimait une autre. En bonne Base 2, elle tourne son énergie émotionnelle vers le monde extérieur et devient championne de nombreuses causes humanitaires. Elle devient ainsi une icône de générosité et de service auprès du grand public, transmettant encore aujourd’hui une image quasi-légendaire de « princesse des cœurs ». Son divorce et sa relation ambivalente avec la presse (la princesse de Galles n’hésitant pas à se mettre en scène pour les tabloïds) montrent une âme profondément blessée dans son amour, et en forte demande de reconnaissance.
Margaret Thatcher
Premier ministre du Royaume-Uni, première femme dans cette fonction (pour 3 mandats), cette « Dame de Fer » montre une énergie inflexible dans ses choix et ses actes. Bourreau de travail, elle tranche sans nuances et n’hésite pas à se débarrasser d’un gouvernement trop timoré à son goût.
Son énergie instinctive nous fait penser à une Base 1 (comme la reine Elizabeth) ou 8 (comme Winston Churchill). Elle partage avec la reine une attitude selon laquelle on doit travailler du matin au soir pour quelque chose qui nous dépasse, et qui ne souffre pas de contestation. Elle évoque dans la série tout ce que son père (épicier modeste très engagé en politique) lui a transmis : une éducation rigoureuse basée sur la foi méthodiste, l’injonction à travailler dur pour s’élever socialement par l’épargne et le mérite.
Aussi admirée que détestée, elle aura à son tour transmis une marque forte sur la politique de son pays, qualifiée de « révolution conservatrice ».
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